Des croquis contemporains du terrain d’atterrissage de St. Omer démontrent combien la base était encombrée en l’automne 1914. Les 5 escadrilles, (avec leurs tentes et moyens de transport) étaient disposées le long de la route D198E du coté nord du plateau, près de l’espace vert de l’hippodrome de la ville. La colonne d’approvisionnement et les hangars transportables se trouvaient à l’est du terrain, à un coté de la route principale de St. Omer à Abbeville (D928) et le Aircraft Park (Réserve d’Avions) de l’autre coté de la route. Enfin, le Wireless Telegraphy Unit ( Télégraphe sans Fil ) – plus tard, Esc. 9, se trouvait dans la carrière de sable près de l’intersection de ces deux routes. Ces arrangements formaient la base d’un futur site plus important dans les quatre années suivantes.
Jusque là, le rôle des escadrilles, limité au travail d’information stratégique, dû assumer le rôle plus important de diriger le tir de l’artillerie. Pendant la première bataille d’Ypres, les cinq escadrilles étaient activement engagées ensemble – la 2ème escadrille arriva à St. Omer avant le commencement de la bataille le 19 octobre 1914 et 6ème le 21 octobre – pour les tâches de reconnaissance tactiques et stratégiques.
Pendant la bataille, et malgré que le gros du RFC demeura à St. Omer, des vols détachés de différentes unités furent engagées avec les Corps du BEF. Esc.6 acheva un bon succès le 1 novembre quand elle força à terre près de St. Omer un Fokker biplace du FA41 pour transport et inspection à l’Aircraft Park.
Lorsque l’attaque Allemande fut arrêtée en novembre, on décida qu’il serait préférable pour les escadrilles d’être localisées plus près du front. L’organisation fut approuvée le 29 novembre. La décentralisation créa deux Ailes séparées. Aile No.1 (Esc.2 et 4) fut sous la commande de Lt.Col. HM Trenchard, avec son QG à Merville et Aile No.2 (Esc.5 et 6) sous la commande du Lt.Col. CJ Burke à St. Omer. En réalité, les escadrilles avaient avancé, le 6ème à Bailleul (ou le plus gros de No.6 avait opéré depuis 23 octobre,) Esc.3 à Goncham le 24 novembre et No.2 à Merville le 27 novembre ; ce qui laissait Esc.4 et le QG du Radio-Telegraph à St. Omer avec une section détachée des Escadrilles 2 et 5.
Malgré que le Terrain d’aviation soit moins encombré, l’espace d’atterrissage était plus important et la proximité du QG assurait une concentration de l’activité du RFC jusqu’à la fin de la guerre.
Contrairement aux autres terrains d’aviation du front, St. Omer permettait une piste d’envol relativement longue et une approche plus aisée, pourvu que le vent ne siffle pas du nord ou du sud ! Il y avait l’avantage de la proximité de St. Omer avec ses ateliers et logements et près des ports de la Manche où hommes et matériels pouvaient être aisément transportés par la route, chemin de fer et canal.
L’importance grandissante de l’unité Radio-Telegraphique mena à la formation d’Esc.9 le 8 décembre 1914. Cependant, comme en fait foi dans l’article suivant, la demande pour la radio était telle que les vols de cette escadrille furent assignés aux Ailes individuelles. Son existence devait être brève : son succès en développant radio-coopération l’amena à être dispersée en février 1915 – les unités furent absorbées par les Esc. 2, 5 et 6 et une nouvelle, Esc.16, composée d’avions et personnel éjectés par ceux de No. 9. Les Esc.4 et 16 formaient la nouvelle 3ème Aile basée à St. Omer, sous la commande de Lt. Col. HRM Brooke-Popham jusqu’au 26 mai 1915 quand L.Col. JFA Higgins succéda au Lt.Col. FH Sykes comme GSO2 au QG du RFC.
Après sa formation, le QG du RFC donna un dîner au château occupé à Longuenesse, et invita les propriétaires alors basés en ville. Malheureusement, la soirée devint un désastre gastronomique et social, quand l’officier de bouche et son personnel devinrent surexcités par l’occasion et la boisson – les invités d’honneur restèrent imperturbables.
Des activités variées comprenant sorties de renseignement, de photographie & de bombardement, ainsi que contrôle du tir de l’artillerie, occupèrent les premiers mois de 1915. Malgré les opérations limitées par le mauvais temps, l’Esc.4 était très active contre les objectifs Allemandes au-delà des lignes de tranchées, perdant avions et pilotes, y compris Major GH Raleigh, tué dans un accident à Dunkerque le 20 janvier 1915, au retour d’un bombardement aérien d’Ostende.
Formé le 10 février, la première sortie opérationnelle escortée derrière les lignes Allemandes de l’Esc.16 n’eut lieu que le 26 février, une fois leur période d’entraînement complétée. Cette période à St. Omer fut brève puisque l’escadrille partait pour La Gorgue le 6 mars pour rejoindre Aile No.1. Esc No.1 prit sa place, équipé d’Avro 504 et BE8s, dès son arrivée d’Angleterre le 7 mars 1915.
Le printemps 1915 commença avec des combats aériens soutenus par une série d’attaques contre les lignes ennemies. Le RFC commença l’attaque contre le village de Neuve Chapelle le 10 mars 1915 et malgré que le volume de la coopération aérienne tomba sur la 1ère Aile, les escadrilles de St. Omer jouèrent un rôle actif avant que l’offensive s’arrête le 12 mars. Esc.No.1 et 4 bombardèrent les embranchements ferroviaires et les ponts; Esc.9 fournissant la coopération aérienne d’artillerie. Pendant un bombardement de nuit sur Lille le 11 mars, Esc.4 perdit trois BE2b. Cne. RJF Barton subit un accident au décollage et le Lt. AStJM Warrand et Cne. GN Mapplebeck tombèrent au-dessus de l’objectif. Warrand fut tué mais Mapplebeck put s’échapper et revint en Angleterre par la Hollande. Esc.1 eût plus de chance le 12 mars quand le Cne. E Ludlow-Hewitt commanda une attaque avec 4 BE8 et 20 bombes de 20lb contre un pont ferroviaire au nord de Douai et un embranchement à Don, ne perdant qu’un avion. A la fin du mois, cependant l’escadrille perdit les sous-Lt. JC Joubert de la Ferté et Lt. DMV Veich quand ils fut forcés à atterrir en Hollande et fait prisonniers.
Durant les semaines suivantes, deux escadrilles arrivèrent à St. Omer en renforcement ; Esc.7 RFC (FE5s et Vickers de chasse) le 8 avril et Esc.No.8 (BE2s) le 15 avril. Ces deux unités furent incorporées dans la 3ème Aile et assignées à la reconnaissance et les « missions spéciales » pour le QG, prenant la place d’Esc. No.s 1 et 4, déplacées sur le terrain d’aviation à Bailleul. Mais avant son départ, Esc.4 eût un bon succès le 17 avril 1915, quand Cne. RM Vaughan et sous-Lt JF Lascelles, pilotant BE2s, força un avion ennemi à atterrir sur le territoire français.
Les nouvelles escadrilles arrivèrent à temps pour participer l’attaque Allemande contre Ypres, commençant le 22 avril 1915. Afin d’interrompre le mouvement de la réserve Allemande, RE5s de Esc.No.7 et BE2cs d’Esc. 8 partirent de St. Omer l’après-midi du 26 avril pour bombarder gares et trains du saillant d’Ypres. Attaques semblables continuèrent pendant quatre semaines jusqu’à la cessation des attaques Allemandes le 25 mai.
Avant même la fin de la 2ème Bataille d’Ypres, une nouvelle offensive alliée avait commencé le 12 mai contre la Crête d’Aubers et Festubert. Malgré que l’Aile No.1 supporta le plus gros de l’effort aérien, Esc.No.7 (Intelligence) apportait des renseignements valables pendant la bataille. A ce moment, l’Aile No.3 comprenait Esc.4 et 7 ; Esc. 8 avait rejoint l’Aile.No.2 à Abeele le 1 mai 1915, bien que No.7 résidait alors à St. Omer (avec le QG d’Aile No.3.) L’attaque n’était guère positive, l’avance étant gênée par la pénurie de munitions d’artillerie et par le mauvais temps – la contribution de l’RFC en étant diminuée d’autant.
Il ne restait qu’une escadrille à St. Omer en juin 1915. Bien que le QG se trouve à Beauquesne le 20 juillet, suivant la réorganisation de la 3ème Armée, Esc. 7 demeura sur place comme escadrille du QG – Esc.4 ayant assumé ce rôle avant d’être remplacée par No.7 en avril 1915. En vérité, jusqu’au 30 mars 1916, quand le QG fut relogé à Montreuil en préparation de l’offensive de la Somme, une escadrille du +RFC était toujours basée à St. Omer pour des tâches comme la défense contre une attaque germanique.
L’importance stratégique évidente de St. Omer attira des attaques croissantes de jour et nuit. Le premier incident prit place le 8 octobre 1915, le jour ou le QG du RFC arriva à St. Omer. D’après Maurice Baring, les Allemands lâchèrent une bombe sur l’école qui devait être occupée par le QG indiquant un pressentiment miraculeux du Service Secret Allemand ! Par la suite, les alarmes de bombardement aériennes eurent lieu régulièrement, (certains, de fausse alarmes), en 1917 et 1918, des raids particulièrement importants résultèrent en lourd dommage pour la ville et les installations militaires, et de nombreux blessés civils et militaires.
Les escadrilles 10 et 11 arrivèrent en juillet 1915 à St. Omer pour quelques jours seulement, avant leur déploiement sur leur champs d’opérations respectifs. Trois autres suivront de même pendant l’année en augmentant à 16 avant de diminuer à 11 en 1917 et diminuant encore à 11 en 1918. Donc, 43 escadrilles furent déployées à St. Omer pendant la guerre pour quelques jours ou parfois, des semaines.
Esc.No.7 demeura à St. Omer jusqu’en septembre 1915 et le commencement de la bataille de Loos. Le front étant plutôt calme pendant cette période, l’escadrille se trouva occupée par la reconnaissance stratégique et a dû faire face cependant à une opposition Allemande croissante.
Le 3 juillet un RE5 fut perdu après une reconnaissance de Gant et l’équipe internée en Hollande ainsi qu’une autre équipe de RE5 le 21 juillet. Plusieurs combats prirent place le 26 et 29 juillet et une équipe fut abattue et emprisonnée en Hollande. Le 31 juillet, une bi-place ennemi attaqua Cne. JA Liddle et sous-Lt. RH Peck, pilotant un RE5 No.2457 en reconnaissance sur Ostende. Pendant cette rencontre, Cne. Liddle fut blessé, mais plutôt que d’attérir en territoire ennemi, il réussit à revenir sur un terrain Belge, malgré la douleur de ses blessures et perte de sang. La Victoria Cross lui fut décernée pour son courage, mais il mourut un mois plus tard, le 31 août 1915.
La période d’occupation d’Esc.No.7 finit le 7 septembre 1915, quand elle fut remplacée par le No.12, (sous la commande de Commandant CLN Newall,) récemment arrivée d’Angleterre et équipée d’un assortiment de BE2cs, RE5s & RE7. Malgré une seule escadrille opérationnelle sur la base de St. Omer, le champ demeurait très occupé par l’expansion du dépôt. Cependant, il n’existait pas de construction permanente, mais, selon un observateur contemporain, « un fouillis désordonné de hangars de toile et abris, autour du terrain d’aviation. »
Comme son prédécesseur, l’escadrille No.12 était en grande partie affectée à des reconnaissances à distance. Un compte rendu de cette période ( y compris la fonction du QG du RFC) est présenté par Lt. RR Money qui a servi comme observateur pendant leur temps à St. Omer. Peu après son arrivée, l’escadrille fut engagée dans la préparation de la bataille de Loos. Le bombardement de l’artillerie commença le 21 septembre, comprenant des opérations spéciales du 2ème et 3ème Ailes et l’Esc.No.12. Ces attaques qui visaient les trains en marche et à l’arrêt, commencèrent le 23 septembre, deux jours avant l’attaque de l’infanterie. Esc. No.12 attaqua trois fois le même jour et participa à d’autres attaques pendant les cinq jours suivants. L’escadrille éprouva sa première perte quand le Cne. VB Binney , dans un BE2c (1744) dû atterrir derrière les lignes Allemandes après avoir bombardé un train à 150 metres ! D’autres bombardements organisés furent effectués le 30 septembre et le 13 octobre pour endiguer l’agression Allemande avant la cessation des combats mi-octobre.
Le reste de l’année, l’escadrille continua des patrouilles défensives et de reconnaissance à longue distance, contre l’opposition croissante des chasseurs Allemands. Un BE2c se perdit sur Bruges le 19 décembre pendant une reconnaissance sur Bruxelles et un RE7 fut abattu pendant celle de Lille le 16 janvier 1916. Heureusement, aucun autre avion ne fut perdu avant le départ de l’escadrille de St. Omer en février pour rejoindre la 3ème Brigade récemment formée.
A part l’escadrille No.4, le séjour de No.12 à St. Omer a prouvé être le plus long des unités combattantes. Il est notable pour les évènements du 3 janvier 1916 quand les magazines de munitions prirent feu. Le Commandant Cyril Newall força la porte du chai pour éteindre le feu avec l’aide de son caporal-chauffeur malgré que quelques bombes incendiaires étaient dèja en flammes. Ils travaillèrent seuls pendant 10 minutes et après, une heure quand Newall, une forme noircie et sale, prit les devants en roulant les bombes dèja rougies par le feu en lieu sûr. Pour cet acte, tous deux fut décorés ; Newall reçut le Albert Medal.
L’importance de l’extension du RFC en France se manifesta par l’arrivée de la première escadrille d’avions de chasse monoplace, Esc. No.24, le 7 février sous la commande de Cdt. LG Hawker. Le jour suivant, l’escadrille commença des patrouilles défensives pour protéger le Quartier Général, malgré le manque de familiarité avec leurs avions. Malheureusement, avant que leurs DH2 ne quittent pour leur terrain d’opérations, à Bertangles, ils perdirent un de leurs chasseurs dans un accident à St. Omer quand la pilote, Lt. EAC Archer fut tué.
Quand l’Esc.12 quitta Vert Galant le 28 février 1916, les escadrilles 25 et 29, récemment arrivées d’Angleterre assumèrent brièvement le rôle au QG. Comme signalé, l’arrivée de la 29ème n’a pas été sans problèmes et ce n’est qu’après le 14 avril qu’elle ait pu compléter son effectif de 12 DH2s. Son premier rapport de combat a eu lieu le 2 avril 1916, quand Lt. GS Bush attaqua sans succès un biplace Allemand au dessus d’Ypres. Le 15 avril Esc.29 partit pour Abeele et par la suite, jusqu’au retour d’Esc.4 à St. Omer, le 16 avril, il n’y eut pas d’escadrilles opérationnelles sur ce terrain. Il continua cependant à recevoir temporairement des escadrilles récemment arrivées d’Angleterre.
Ces changements avaient été présagés par le départ du GQG du RFC pour St. André en mars 1916, en anticipation de l’offensive sur la Somme. L’événement fut marqué par la présentation d’une coupe en argent aux propriétaires du château pour commémorer les 18 mois d’occupation des lieux par le personnel du QG.
Pendant les mois suivants, St. Omer devint de plus en plus un entrepôt de pièces de rechange et de travaux de réparations. Plus de 30 escadrilles ne firent que passer en deux ans, seulement quelques unes s’arrêtèrent quelques jours avant de rejoindre leurs terrains respectifs au Front. Pour le futur, donc, le champ d’aviation fut dominé par les activités de l’Entrepôt No.1 de l’Armée de l’Air.
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